Actualités | 27.06.2019
Dans le cadre de l’émission « Paradis naturels retrouvés » diffusée sur ARTE, qui met en avant des lieux dont les biotopes sont préservés grâce à des initiatives humaines exemplaires, le documentariste Thomas Weidenbach s’est rendu au nord de la République du Congo, dans une concession forestière de la société IFO, filiale du groupe suisse Interholco négociant international de bois tropicaux
Dans cet épisode de 44 minutes intitulé : « République du Congo : la forêt des Gorilles », le réalisateur, montre comment la société forestière certifiée FSC parvient, grâce à une gestion durable, à préserver sa vaste forêt de 11 600 km2, la nature et ceux qui en vivent. Contrairement aux idées reçues sur le commerce de bois tropical, la société assure la protection des animaux et des droits sociaux des habitants contre les nombreuses menaces existantes (braconnage, coupe illégale des arbres, exploitations minières, pauvreté, etc.).
Il présente en image et de manière pédagogique le travail des ouvriers et bucherons sur le terrain qui respectent un plan d’aménagement répertoriant la position des arbres à récolter et celle des arbres et des secteurs à préserver : des cartes qui détaillent l’état et la physionomie de la forêt et obtenues grâce au travail minutieux des « arpenteurs » qui la sillonnent et l’inspectent arbre par arbre. Ainsi l’IFO inventorie au mètre près sa concession, relève les différentes essences, mesure les diamètres des arbres, répertorie leur position, et leur attribue des numéros d’identification pour non seulement permettre la chaîne de traçabilité mais également pour planifier ce qui est récoltable sur une année.
L’IFO n’exploite jamais sa concession dans son ensemble : son territoire est divisé en 30 parcelles appelées « assiettes annuelles de coupe ». Chaque année, une seule assiette est concernée par les opérations de récolte et seul un arbre tous les deux hectares est coupé. Avec la rotation annuelle, les bucherons ne reviennent sur une zone que 30 ans plus tard, permettant à la forêt de se régénérer.
Afin de pouvoir exploiter sa forêt sur le long terme et profiter de ses bénéfices, l’entreprise a tout intérêt à la gérer de manière responsable.
Le cinéaste indique que le recensement s’applique aussi à la faune (singes, éléphants, etc.) : chaque future zone de coupe est inspectée par une organisation de protection de la nature. Les secteurs qui comptent beaucoup d’animaux ou des espèces rares et les zones densément peuplées par les gorilles ne sont pas touchées par les bucherons. Ainsi, 27% de la surface totale de la concession de l’IFO sont conservées. Les zones entièrement défrichées par la société d’exploitation ne dépassent pas les 7% de la superficie de l’assiette annuelle (clairière pour entreposer les troncs, chemins de débardage). Et en à peine 6 mois la végétation les recouvre de nouveau.
Avec ses 1000 salariés, IFO et est le principal employeur de la région. En plus de soutenir financièrement les villages riverains et de fournir des emplois bien rémunérés, la société respecte aussi les traditions et les besoins des communautés locales en signant avec elles des accords avant de commencer à travailler sur une zone. Ainsi, des médiateurs viennent à leur rencontre pour écouter leurs requêtes : améliorer la route qui mène au village voisin, ne pas abattre certains arbres autour du village, contribuer aux salaires des enseignants, etc. Ils vont également à la rencontre des pygmées vivant de la forêt, et, à l’aide d’un GPS inventorient les arbres protégés, le secteur qui abrite leur camp, les lieux sacrés ou les arbres précieux, que la société s’engage ne pas toucher.
Enfin, contre toute attente, des recensements menés par des chercheurs indépendants ont prouvés que les gorilles s’accommodaient bien de la présence des bucherons puisque 70 000 gorilles des plaines de l’ouest du pays sont abrités dans la concession de l’IFO. La plus grande concentration de l’espèce au monde, y compris dans le parc national voisin où les singes sont chassés par la population riveraine. D’autant que ce chiffre est resté stable de 2007 à 2014 alors que dans les autres régions, les populations de singes déclinent.
On peut en déduire que les activités de la société sont bénéfiques pour ces animaux et que le territoire qu’elle exploite est finalement un havre de sécurité puisqu’elle les protège même contre les braconniers. En retour, les gorilles, grands consommateurs de fruits, disséminent les graines et contribuent à la régénération de la forêt.
Ces dernières années l’action des entreprises IFO et sa voisine CIB a permis d’augmenter la surface du territoire considérée comme sûre pour les gorilles (désormais près de deux fois la taille de la Belgique). Un succès qui n’est pas imputable aux seuls parcs nationaux : ces deux sociétés forestières dont l’action a longtemps été ignorée dans le reste du monde ont joué un rôle majeur dans cette évolution.
Mais les forêts tropicales sont aussi menacées par le fait que leurs sols regorgent de matières premières précieuses. L’IFO a pu couper court à un projet d’extraction d’or dans sa concession cependant il devient urgent de trouver, avec le gouvernement, des solutions pour exploiter les ressources du pays de manière durable.
Dans le nord du Congo, face à l’exploitation illégale, au braconnage, aux exploitations minières et autres menaces pour la forêt et ses habitants, il existe deux solutions pour protéger les forêts : créer des parcs nationaux (à condition d’avoir les moyens de les protéger) ou créer des concessions forestières ou la ressource sera gérée durablement, avec des projets de conservation.
Avec ses 10 000 habitants, la ville de Ngombé bénéficie, grâce à la société IFO, de l’eau salubre et de l’électricité gratuite pour ses salariés et est en plein développement économique. Le documentariste pense que la région pourrait servir de modèle à toute l’Afrique centrale où se trouve la deuxième plus grande forêt tropicale humide après l’Amazonie.
L’exploitation forestière durable, le bois tropical certifié FSC et les parcs nationaux sont une promesse d’espoir pour cette forêt, dans l’intérêt des hommes et de la nature.
Le documentaire sera rediffusé sur Arte le lundi 1er juillet à 12h05 et est également disponible en ligne jusqu‘au 23 juillet 2019 à cette adresse :
https://www.arte.tv/fr/videos/073107-002-A/paradis-naturels-retrouves/
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