Événements
La 1ère Conférence Internationale sur l'Afforestation et le Reboisement (CIAR1) s’est tenue avec succès à Brazzaville, entre le 2 et le 5 juillet 2024. Elle a rassemblé des experts mondiaux, des décideurs politiques et des représentants de l'industrie pour discuter des défis et des opportunités liés à l'afforestation et au reboisement. Cet événement crucial a mis en lumière les besoins urgents de nouvelles plantations pour répondre à la demande croissante en bois et à la nécessité de protéger les forêts naturelles existantes.
L’ATIBT a participé à cette rencontre pour présenter les résultats du projet UFA-Reforest financé par l’Union Européenne au Cameroun.
Cette première conférence CIAR est une initiative issue de la COP 27 dans le cadre de la Décennie Africaine et Mondiale de l’Afforestation et du Reboisement (DAMAR).
Un des objectifs est de solliciter l’inscription de la Décennie Africaine et Mondiale de l’Afforestation » dans l’Agenda des Nations Unies en septembre 2024, au moyen d’une déclaration mondiale sur l’afforestation et le reboisement.
Dans le cadre de la DAMAR, il fallait créer du contenu scientifique et obtenir un consensus politique autour d’un ensemble d’axes stratégiques permettant de déployer des programmes d’Afforestation et Reboisement ambitieux dans le monde.
Aussi, un comité international de pays membres des Nations Unies a été mis en place, et la CIAR1 s’inscrit dans cette dynamique.
Retrouver différentes informations relatives à cette conférence
Conférence d’ouverture
Les organisations REPAR et RAPALEAC ont été invitées à s’exprimer en début de conférence, pour signifier l’importance de la participation des peuples autochtones dans les actions de reboisement, pour limiter la déforestation en entamant un vaste programme de plantation avec un choix d’espèces qui soit source de motivation pour les populations autochtones, car riches de vertus et propriétés utiles aux populations.
Pour rappel, lors de la COP27, plusieurs engagements de replantation ont été pris pour l’Afrique. Notamment, le Kenya vise à atteindre un objectif de 15 milliards d’arbres d’ici 2030 en se concentrant non seulement sur la plantation, mais aussi sur le suivi de leur croissance jusqu’à maturité. De plus, le Nigeria a lancé le projet « 250k », qui implique l’engagement de 250 000 jeunes pour planter 250 000 arbres à travers le pays, dans le cadre d’un effort pour impliquer les jeunes dans l’action climatique et les sensibiliser aux enjeux environnementaux.
Le secteur privé s’est également exprimé, par la voix d’UNICONGO. Les entreprises peuvent apporter des moyens et des solutions concrètes pour favoriser le développement de projets, comme celui de la « muraille verte », ou encore le projet du Rwanda dans lequel les populations locales ont été associées. Les projets au Congo ont également été mentionnés, comme celui mené sur les plateaux Batéké sous la direction de FRMi, et pour le compte de Total. La formation des travailleurs est également un facteur clé et le patronat s’y est engagé.
La représentante du PNUD au Congo a indiqué que le monde perd 10 millions d’ha de forêt naturelle chaque année, soit la surface du Portugal. En Afrique, c’est environ 3,9 millions d'hectares de forêt qui disparaissent chaque année. Cette perte est principalement due à la conversion des forêts en terres agricoles pour répondre aux besoins d'une population croissante, ainsi qu'à l'extraction de bois pour la production de charbon de bois. Les pratiques agricoles telles que la culture itinérante, qui implique la coupe et le brûlage de forêts pour la création de terres agricoles, sont des causes majeures de cette déforestation.
Le principal frein à la déforestation est le manque de moyens financiers.
La FAO a mis en parallèle ces chiffres relatifs à la déforestation avec l’augmentation de la population dans le monde. Il existe des connaissances pour mettre en œuvre un programme permettant de faire face aux multiples défis existants.
Le WWF a indiqué attendre de la conférence CIAR1 une feuille de route plus concrète pour l’avenir.
La CEEAC voit dans cette conférence une opportunité pour décliner au plan régional et national la stratégie internationale sur l’afforestation et le reboisement, en synergie avec le développement des entreprises.
Le discours de SE Madame la Ministre de l’Économie Forestière a clôturé la séance d’ouverture, et permis de rappeler que « l’arbre est l’instrument essentiel de lutte contre le changement climatique ». Les dérèglements ont des conséquences immédiates sur les épisodes climatiques extrêmes tels que les feux de forêt, les inondations, mais aussi d’autres conséquences plus pernicieuses comme la désertification, l’élévation du niveau des mers, la raréfaction de certaines ressources, etc.
L’aménagement forestier, la certification, l’exploitation forestière à impact réduit, ainsi que la conservation sont aussi des réponses pour permettre de faire face à une demande croissante en bois.
Madame la Ministre a rappelé que depuis les années 80, la République du Congo a été engagée dans des actions de reforestation. Cette année, la République du Congo fêtera le 39ème anniversaire de la journée nationale de l’arbre.
De grands sujets abordés lors de la conférence
Surface et production : des besoins urgents
La conférence a permis de souligner que sur les 4 milliards d'hectares de forêts mondiales, seulement 260 millions d'hectares sont des plantations, avec 150 millions d'hectares gérés de manière intensive. Entre 2015 et 2020, le monde a subi une déforestation nette de 5 millions d'hectares par an (compte tenu des 5 millions d’ha environ plantés annuellement dans le monde), avec une perte particulièrement marquée en Afrique, atteignant 3,9 millions d'hectares annuellement. Malgré une demande croissante, il y a une tendance à la restriction de la production des forêts naturelles, ce qui rend impératif et urgent le développement de nouvelles plantations. Les prévisions indiquent qu'au moins 40 millions d'hectares supplémentaires seront nécessaires pour répondre à la demande en bois d'œuvre, en plus des 30 millions d'hectares requis en Afrique pour le bois-énergie.
Un marché du bois en expansion
La croissance démographique et économique, ainsi que la décarbonation des économies, stimulent fortement la demande de bois rond et de bois-énergie, avec une augmentation prévue de 40 % et 30 % respectivement d'ici 2050. Les nouveaux usages du bois, notamment dans la construction, la chimie et la bioénergie, se développent rapidement. Le marché des crédits carbone, essentiel pour la politique de neutralité carbone des entreprises, connaît une croissance exponentielle, passant de 2 milliards de dollars en 2021 à des projections comprises entre 25 et 250 milliards de dollars d'ici 2030 selon différentes prospectives. Ce marché émergent, bien que non encore harmonisé, représente une opportunité majeure pour l'Afrique, grâce à ses vastes réserves foncières.
Financement et investissements
Les besoins financiers pour soutenir les efforts d'afforestation et de reboisement sont énormes, estimés entre 200 et 300 milliards de dollars pour 40 millions d'hectares. Les institutions internationales, les agences de développement régionales et les banques commerciales se mobilisent pour créer des mécanismes de financement innovants. Le secteur privé est également fortement engagé, avec de grandes entreprises et des fonds d'investissement finançant déjà de grands projets de puits de carbone naturels en Afrique.
Modèles d'afforestation et de reboisement : vers une intégration socio-économique et environnementale
Les modèles d'afforestation et de reboisement évoluent vers des approches plus intégrées, associant plantations forestières et agroforesterie, et tenant compte des impératifs sociaux et environnementaux. Ces initiatives représentent un puissant levier de développement en zone rurale, en intégrant les pratiques agricoles et en évoluant vers l'agroécologie. La nécessité d'expertise et de technologie pour l'implémentation de ces projets souligne l'importance de la recherche et du développement.
Les résultats de nombreux projets ont été présentés en tables rondes ou sur des stands.
La 1ère Conférence Internationale sur l'Afforestation et le Reboisement a organisé de nombreuses tables rondes, regroupées par thématiques principales. Ce résumé met en lumière les thèmes clés abordés lors des tables rondes, reflétant les efforts multidimensionnels de la CIAR pour promouvoir l'afforestation et le reboisement à travers l'innovation technologique, l'inclusion communautaire, le financement durable, et la coopération internationale.
Diverses expériences et travaux relatifs à l’afforestation et le reboisement ont été présentés à l’aide des supports visuels (Mini vidéo, photos, kakémonos, flyers, etc.) dans les stands d’exposition.
Différents membres et partenaires de l’ATIBT, dont Cirad, FRMi, IFO, Olam, Rougier, ITTO, FAO, ERAIFT, WWF, WRI, CIFOR-ICRAF, ont animé ou participé à des panels ou des tables rondes.
Discussions sur l'implantation de bioénergie en zones rurales, le rôle de la recherche en afforestation et reboisement (notamment sur les nouveaux modèles sylvicoles répondant aux filières Carbone et Bois d’œuvre issus de plantation), l'utilisation des technologies géospatiales pour améliorer les plantations forestières et les systèmes agroforestiers, et le monitoring géospatial pour une gestion forestière efficace.
Focus sur les solutions agroforestières pour les communautés locales et autochtones, l'importance des forêts pour les peuples autochtones, les pratiques agroforestières et leur impact sur les gaz à effet de serre, et l'engagement communautaire dans les activités de reboisement en RDC.
Exploration des opportunités de financement climatique pour les programmes de reboisement, l'importance des crédits carbone comme outil de financement, et l'augmentation des flux financiers internationaux pour les forêts à haute intégrité du Bassin du Congo.
Présentations de projets spécifiques comme le Projet Eco Zamba de la SNPC opéré par FRMi, le biochar, les opportunités de reforestation pour l'entreprenariat et l'emploi des jeunes, et la signature de conventions entre l'État congolais et divers partenaires privés.
Soulignons que 2 tables rondes ont été organisées par l’ATIBT, sur la base de résultats obtenus dans le cadre du projet UFA-Reforest, mené au Cameroun :
Il faut souligner que ce projet UFA-Reforest a été financé par l’Union Européenne au travers de sa délégation du Cameroun, dans le cadre du 11ème FED. Initiée il y a presque 3 ans, cette action apparait aujourd’hui particulièrement innovante et précurseure au regard de l’importance que prennent désormais les thématiques de reboisement en Afrique.
Signature de plusieurs accords et protocoles entre l'État congolais, des entreprises, et des organisations internationales pour promouvoir des initiatives d'afforestation et de reboisement.
Analyse des impacts écologiques des certifications FSC, suivi des plantations à long terme au Cameroun, et leçons tirées de 40 ans de reboisement en RDC.
Plusieurs organisations internationales et nationales de la société civile, quelques sociétés impliquées dans l’afforestation et le reboisement ainsi que la restauration forestière ont occupé des stands d’exposition pour montrer leurs réalisations ou les projets en cours.
Des kakémonos et des flyers de l’ATIBT, du projet ASP Congo et du projet UFA Reforest Cameroun ont été placés sur le stand de l’Union européenne et ont suscité des questions des participants à la conférence.
Les sociétés forestières membres de l’ATIBT notamment CIB OLAM, IFO et FRMi ont également organisé des expositions dans leur stand.
Perspectives et recommandations : L'Afrique en tête
L'Afrique centrale se positionne comme un leader dans le déploiement des programmes d'afforestation et de reboisement, avec un objectif de quadruplement des surfaces afforestées au cours des dix prochaines années. La stratégie mondiale d'afforestation et de reboisement arrive à un moment crucial, alignée avec les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique, la décarbonation des économies et le développement des secteurs basés sur le bois et sur l’agroforesterie.
Plusieurs ministres ont présenté les engagements de leurs pays, entre autres l’Angola, le Burundi, la République Démocratique du Congo, la République du Congo, le Gabon, la République Centre Africaine, le Niger, le Tchad, le Rwanda, le Ghana, la Côte d’Ivoire.
Ils ont insisté, entre autres, sur :
Paul Bertaux, du bureau d’études FRMi, a synthétisé les recommandations faites par les experts. Ainsi, les 7 recommandations de la conférence ont été les suivantes :
L’ATIBT fournira d’autres informations relatives aux suites de cette conférence, et un article détaillé sur les tables rondes de l’ATIBT sera produit prochainement.